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Les médias suisses sur Instagram : une approche médiologique
Type
conference paper
Date Issued
2018-04-12
Author(s)
Research Team
xx
Abstract (Fr)
Sujet de recherche
Cette recherche analyse la présence sur le réseau social Instagram des médias helvétiques à l’aide de la médiologie. Développée par Régis Debray, la médiologie est l’étude de la transmission des idées, médiée entre la culture et la technologie (Debray, 1991, 1992, 1994; Irvine, 2014). Cette approche permet de proposer une analyse sur l’impact des réseaux sociaux en tant que technologie s’appuyant sur les smartphones et sur l’idée de l’institution du journalisme en Suisse aujourd’hui.
Bases théoriques
La recherche portant sur l’adaptation continue, la résistance et l’ignorance par les journalistes et les éditeurs des technologies de plateformes de réseaux sociaux, technologies qui évoluent rapidement, a produit une variété d’angles d’analyse. Les plateformes et les éditeurs ont une relation complexe mêlant concurrence et coopération (Bell, 2016). De plus, par le biais du “journalisme participatif” (Singer et al., 2011), la distinction entre reporters professionnels et citoyens se trouve troublée (Carlson & Lewis, 2015). En conséquence, le mode opératoire et la logique des technologies des réseaux sociaux, au coeur de l’algorithme du “news feed”, des structures de données et du design des interfaces utilisateur ont une influence très directe sur la culture et la pratique même du journalisme.
L’usage croissant des médias sociaux renforce une tendance culturelle en particulier, à savoir la domination des éléments visuels, tels les images et les vidéos, sur le texte et le son. L’omniprésence de smartphones connectés à l’Internet, équipés d’écrans et de caméras haute résolution, amène les utilisateurs à consommer et à partager de grandes quantités d’images et de vidéos sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, comme les contenus visuels ont la caractéristique de capturer l’attention des utilisateurs, les plateformes technologiques ont, à l’image de Facebook, choisi de centrer leur stratégie sur la vidéo et l’image (p. ex. Facebook Inc., 2016).
Le réseau social Instagram, propriété de Facebook, est un cas d’étude particulièrement intéressant pour une analyse de l’impact des réseaux sociaux sur le journalisme à la lumière d’une approche de culture visuelle (“visual culture”), un cadre d’analyse appliqué précédemment au journalisme dans des études de référence (p.ex. Zelizer, 2004).
Instagram est un réseau social visuel qui permet à ses utilisateurs de partager des images ou des vidéos tirées d’instants de leur existence. L’impact d’Instagram en particulier sur la culture contemporaine a fait l’objet d’études, à l’image du travail de Boyd (2014) consacré à l’impact des réseaux sociaux sur la vie des adolescents américains. Néanmoins, dans le cadre des études du journalismes, Instagram a surtout fait l’objet de recherches centrées sur la photographie de guerre (Alper, 2014) et son adoption par les consommateurs d’actualités (Newman et al., 2017).
Avec son écosystème médiatique plurilingue, la Suisse demeure un cas d’étude intéressant mais dont l’étude de l’impact des réseaux sociaux sur ses médias et leurs acteurs reste largement ouvert, à l’exception de quelques études, par exemple celle menée par Rauchfleisch et Metag (2016) sur le réseau social Twitter et les politiciens suisses.
Aujourd’hui, les médias suisses ont une présence sur ces mêmes réseaux sociaux afin d’atteindre ce public. En Suisse, Instagram comptait en 2016 450’000 utilisateurs actifs, selon Goldbach Interactive (Tobler, 2016). De nombreux médias suisses ont un ou plusieurs comptes sur ce réseau social (p.ex. le média de service public alémanique SRF dispose de plusieurs comptes spécialisés, par exemple consacré au football, célébrités, informations, etc.). Ainsi, ce sont tant des particuliers que des médias qui disposent d’un compte Instagram.
Méthodologie
Afin de combler cette absence dans la littérature académique, cette recherche propose d’utiliser une approche médiologique à l’étude de l’impact d’Instagram sur les médias suisses. La médiologie n’est ni techno-déterministe, (les technologies / algorithmes déterminent nos vies), ni techno-naïve (l’individu est libre et la technologie ne l’impacte pas), mais au contraire, cette approche explicite l’interaction entre la technologie et la culture, chacune construisant l’autre (Irvine, 2014). L’avantage principal de l’approche médiologique, qui consiste en la combinaison d’éléments théoriques et méthodologiques, est de faciliter l’analyse de l’interdépendance de technologies, d’institutions, de cultures et d’idées tant au niveau micro que macro (Irvine, 2014). Ainsi, cette recherche propose une analyse médiologique de l’influence réciproque entre le réseau social Instagram et les éditeurs suisses. Les résultats de cette étude permettront une meilleure compréhension tant de l’utilisation d’Instagram par des médias et journalistes suisses que de l’interdépendance entre le journalisme comme institution, idée et ensemble de pratiques culturelles avec les réseaux sociaux et leurs contraintes technologiques sous-jacentes.
Cette recherche examine en particulier les profils Instagram de 10 des principaux médias suisses, représentant toutes les régions linguistiques ainsi que la diversité des médias (presse, télévision, radio et pure players numériques) et utilise une méthode d’analyse visuelle du contenu (“visual content analysis”, Rose, 2016).
Résultats préliminaires
D’un point de vue médiologique, la prolifération d’Instagram dans l’écosystème de l’information en Suisse a les deux principaux effets suivants :
- Développement d’une culture de la communication dominée par le visuel dans la sphère publique et dans le journalisme, obligeant les médias à légitimer visuellement leur pratique journalistique (par exemple par des éléments de type “derrière les coulisses” sur les comptes Instagram de médias, en particulier du service public)
- Incitation à constamment représenter l’individualisme et le partage d’expériences “authentiques”, le journalisme se trouvant dès lors dans une situations paradoxale dans laquelle sa propre valeur d’objectivité se trouve en contradiction avec l’utilisation, par exemple, de filtres Instagram.
Lien avec la conférence
Au delà de la contribution de cette recherche à une meilleure compréhension de l’impact d’Instagram sur la culture et les institutions du journalisme et Suisse et des dynamiques entre les plateformes et les éditeurs, elle contribue au thème de la discussion en présentant un cas d’étude de relations d’influence de sociétés technologiques basées dans la Silicon Valley américaine sur des médias européens, leurs pratiques journalistiques, leur identité et leurs contenus.
Cette recherche analyse la présence sur le réseau social Instagram des médias helvétiques à l’aide de la médiologie. Développée par Régis Debray, la médiologie est l’étude de la transmission des idées, médiée entre la culture et la technologie (Debray, 1991, 1992, 1994; Irvine, 2014). Cette approche permet de proposer une analyse sur l’impact des réseaux sociaux en tant que technologie s’appuyant sur les smartphones et sur l’idée de l’institution du journalisme en Suisse aujourd’hui.
Bases théoriques
La recherche portant sur l’adaptation continue, la résistance et l’ignorance par les journalistes et les éditeurs des technologies de plateformes de réseaux sociaux, technologies qui évoluent rapidement, a produit une variété d’angles d’analyse. Les plateformes et les éditeurs ont une relation complexe mêlant concurrence et coopération (Bell, 2016). De plus, par le biais du “journalisme participatif” (Singer et al., 2011), la distinction entre reporters professionnels et citoyens se trouve troublée (Carlson & Lewis, 2015). En conséquence, le mode opératoire et la logique des technologies des réseaux sociaux, au coeur de l’algorithme du “news feed”, des structures de données et du design des interfaces utilisateur ont une influence très directe sur la culture et la pratique même du journalisme.
L’usage croissant des médias sociaux renforce une tendance culturelle en particulier, à savoir la domination des éléments visuels, tels les images et les vidéos, sur le texte et le son. L’omniprésence de smartphones connectés à l’Internet, équipés d’écrans et de caméras haute résolution, amène les utilisateurs à consommer et à partager de grandes quantités d’images et de vidéos sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, comme les contenus visuels ont la caractéristique de capturer l’attention des utilisateurs, les plateformes technologiques ont, à l’image de Facebook, choisi de centrer leur stratégie sur la vidéo et l’image (p. ex. Facebook Inc., 2016).
Le réseau social Instagram, propriété de Facebook, est un cas d’étude particulièrement intéressant pour une analyse de l’impact des réseaux sociaux sur le journalisme à la lumière d’une approche de culture visuelle (“visual culture”), un cadre d’analyse appliqué précédemment au journalisme dans des études de référence (p.ex. Zelizer, 2004).
Instagram est un réseau social visuel qui permet à ses utilisateurs de partager des images ou des vidéos tirées d’instants de leur existence. L’impact d’Instagram en particulier sur la culture contemporaine a fait l’objet d’études, à l’image du travail de Boyd (2014) consacré à l’impact des réseaux sociaux sur la vie des adolescents américains. Néanmoins, dans le cadre des études du journalismes, Instagram a surtout fait l’objet de recherches centrées sur la photographie de guerre (Alper, 2014) et son adoption par les consommateurs d’actualités (Newman et al., 2017).
Avec son écosystème médiatique plurilingue, la Suisse demeure un cas d’étude intéressant mais dont l’étude de l’impact des réseaux sociaux sur ses médias et leurs acteurs reste largement ouvert, à l’exception de quelques études, par exemple celle menée par Rauchfleisch et Metag (2016) sur le réseau social Twitter et les politiciens suisses.
Aujourd’hui, les médias suisses ont une présence sur ces mêmes réseaux sociaux afin d’atteindre ce public. En Suisse, Instagram comptait en 2016 450’000 utilisateurs actifs, selon Goldbach Interactive (Tobler, 2016). De nombreux médias suisses ont un ou plusieurs comptes sur ce réseau social (p.ex. le média de service public alémanique SRF dispose de plusieurs comptes spécialisés, par exemple consacré au football, célébrités, informations, etc.). Ainsi, ce sont tant des particuliers que des médias qui disposent d’un compte Instagram.
Méthodologie
Afin de combler cette absence dans la littérature académique, cette recherche propose d’utiliser une approche médiologique à l’étude de l’impact d’Instagram sur les médias suisses. La médiologie n’est ni techno-déterministe, (les technologies / algorithmes déterminent nos vies), ni techno-naïve (l’individu est libre et la technologie ne l’impacte pas), mais au contraire, cette approche explicite l’interaction entre la technologie et la culture, chacune construisant l’autre (Irvine, 2014). L’avantage principal de l’approche médiologique, qui consiste en la combinaison d’éléments théoriques et méthodologiques, est de faciliter l’analyse de l’interdépendance de technologies, d’institutions, de cultures et d’idées tant au niveau micro que macro (Irvine, 2014). Ainsi, cette recherche propose une analyse médiologique de l’influence réciproque entre le réseau social Instagram et les éditeurs suisses. Les résultats de cette étude permettront une meilleure compréhension tant de l’utilisation d’Instagram par des médias et journalistes suisses que de l’interdépendance entre le journalisme comme institution, idée et ensemble de pratiques culturelles avec les réseaux sociaux et leurs contraintes technologiques sous-jacentes.
Cette recherche examine en particulier les profils Instagram de 10 des principaux médias suisses, représentant toutes les régions linguistiques ainsi que la diversité des médias (presse, télévision, radio et pure players numériques) et utilise une méthode d’analyse visuelle du contenu (“visual content analysis”, Rose, 2016).
Résultats préliminaires
D’un point de vue médiologique, la prolifération d’Instagram dans l’écosystème de l’information en Suisse a les deux principaux effets suivants :
- Développement d’une culture de la communication dominée par le visuel dans la sphère publique et dans le journalisme, obligeant les médias à légitimer visuellement leur pratique journalistique (par exemple par des éléments de type “derrière les coulisses” sur les comptes Instagram de médias, en particulier du service public)
- Incitation à constamment représenter l’individualisme et le partage d’expériences “authentiques”, le journalisme se trouvant dès lors dans une situations paradoxale dans laquelle sa propre valeur d’objectivité se trouve en contradiction avec l’utilisation, par exemple, de filtres Instagram.
Lien avec la conférence
Au delà de la contribution de cette recherche à une meilleure compréhension de l’impact d’Instagram sur la culture et les institutions du journalisme et Suisse et des dynamiques entre les plateformes et les éditeurs, elle contribue au thème de la discussion en présentant un cas d’étude de relations d’influence de sociétés technologiques basées dans la Silicon Valley américaine sur des médias européens, leurs pratiques journalistiques, leur identité et leurs contenus.
Language
French
HSG Classification
contribution to scientific community
Event Title
Swiss Association of Communication and Media Research (SACM‐SGKM) Annual Conference 2018
Event Location
Faculty of Communication Sciences, Università della Svizzera Italiana (USI)
Event Date
12 ‐13 April 2018
Subject(s)
Eprints ID
257040